Institut des Sciences Historiques - Comprendre le présent avec l'histoire

Ensemble de textes sur l'histoire (actuellement 12 textes sur la royauté, les successeurs du Comte de Chambord, Saint-Denis, la francophonie, le 21 janvier, courte chronologie Henri IV pour l'anniversaire de sa mort, l'histoire des hauts faits de la royauté...)

La Bataille de Loigny

Notule sur Sonis et la Bataille de Loigny

 

Lors de cette bataille du mois deux décembre 1870 qui engageait plusieurs milliers d’hommes de part et d’autres,  le Général Gaston de Sonis (1825-1887) a conduit les Volontaires de l'Ouest (anciens zouaves pontificaux ayant participé à la défense de Rome contre les troupes de Garibaldi) [1] au combat derrière la bannière du Sacré Coeur. C'est la première fois que le Sacré Coeur a flotté comme étendard d'une unité militaire française.

Malgré le sacrifice des troupes françaises ce fut une défaite. En effet les Prussiens étaient retranchés dans un bois avec leur artillerie supérieure à l'artillerie française. Pour pouvoir les en déloger les troupes françaises devaient traverser des champs labourés et boueux en terrain découvert.

Néanmoins le sacrifice des zouaves pontificaux a permis à l'armée de la Loire conduite par le général Chanzy de se regrouper pour mettre en échec les Prussiens.

 

Il y a plusieurs monuments commémoratifs autour du village et une église ossuaire de la bataille avec deux magnifiques peintures représentant le général de Sonis et la réplique de l'étendard des zouaves pontificaux couvert de sang. 

Il y a aussi un très intéressant petit musée[2] consacré à la bataille avec de très  nombreux objets dont beaucoup d’armes, de souvenirs personnels, de matériels divers et, plus émouvant, le cilice que portait le général de Sonis sous son uniforme.
Tous les ans le dimanche le plus proche du 2 décembre il y a une cérémonie commémorative.



[1] La "légion des volontaires de l'ouest" venant de Rome débarque en France le 7 octobre1870, elle forme un corps franc, commandé par le lieutenant-colonel  de Charette, affecté au XVIIeme  corps d'armée de l'Armée de la Loire. Cette légion  s'est illustrée le 1er décembre 1870 à la bataille de Loigny où elle déplore 96 morts et 122 blessés dont le général de Sonis sur un total de 300 combattants. Sa dissolution a été prononcée en aout 1871.

[2] Malheureusement ce musée qui n’a que des moyens très limités n'est ouvert qu’irréguliérement, mais notamment lors des cérémonies commémoratives annuelles..  

Louis XVII, le retour !

Dix ans après les analyses ADN qui ont permis de trancher sur l’identité du cœur déposé à Saint-Denis et, par conséquent de pouvoir confirmer définitivement la mort du roi Louis XVII le 8 juin 1795, le Professeur Jacques Soppelsa, Président honoraire de l’Université Paris I, se servant de son expérience de Conseiller culturel auprès de l’ambassade de France à Buenos-Aires, fait paraître un curieux ouvrage sur l’enfant roi et martyr.

L’ouvrage Louis XVII la piste argentine (A2C Médias (8, avenue Foch, Paris 16ème), Paris, 2011, ISBN 978-2916831-16-9) , est consacré à une piste sud américaine qui jusqu’alors semblait avoir été ignorée. Nul doute que ce livre qui plus est d’un universitaire aux talents reconnus, aurait rencontré un grand succès avant que l’énigme ne soit résolue.

Au-delà de l’histoire qu’il relate et qui repose plus, comme l’auteur le dit lui-même, sur un faisceau d’indices que sur des preuves, il renouvelle néanmoins, implicitement, une question, celle de l’histoire secrète ou des secrets de l’histoire que les témoins et ou les acteurs ne sont pas toujours bien disposés à mettre sur la place publique. Rouvrant le débat le professeur Soppelsa nous oblige à nous reposer une question qui jusqu’alors n’a pas été élucidée. Pourquoi y a-t-il eu des faux dauphins ? A quoi ont pu servir ces leurres ?

N’est-on pas là dans les souterrains de la politique ? Dans des opérations du type de celles qui en 1943 et 1944 ont été menées de toute pièce pour faire croire aux allemands que le débarquement n’aurait pas lieu en Normandie. Déploiement d’armes, fausses villes et faux regroupements d’hommes, faux réseaux (incluant la mort d’hommes et de femme convaincus de l’histoire qu’on leur avait apprise) en un mot, donner tellement l’apparence du vrai que l’Etat-major allemand s’y est laissé prendre.

Or, sous ce jour, la question des survivances de Louis XVII n’a pas été vraiment étudiée. Il ne s’agit pas tant de savoir de quelle part de vérité ces faux dauphins relevait, mais bien de savoir pourquoi le pouvoir, les pouvoirs en place ont donné corps, ont forgé ces curieux « agents » -au sens très moderne du terme- dont ils se sont servis. Il y a une vingtaine d’années quand j’avais un peu étudié cette « énigme » j’avais été frappé de voir qu’elle était née au moment de la Restauration. N’était-ce pas une manipulation ? Le parallèle avec l’histoire contemporaine est frappant dans le livre de J. Soppelsa où justement son héros est un officier de marine de l’Empire...Qui donc a intérêt à faire courir le doute ? Ancien révolutionnaire souhaitant se dédouaner en montrant quelle part il a pris à l’évasion ? Police de l’Empereur ou de la Restauration ? ou encore agent des Orléans et du futur Louis-Philippe pour mettre en doute la légitimité de Louis XVIII et de Charles X ?

A défaut de survivance il y a bel et bien eu le souci de créer de fausses pistes. Le nombre même de faux dauphins en est en soi une preuve même si certains demeurent plus de l’ordre de la psychose privée que de la politique secrète des Etats.

Depuis que la mort du dauphin a été prouvée telle est bien là, la seconde énigme de l’Affaire Louis XVII qui reste à percer. Quelle manipulation ? Pourquoi et pour qui ? Les historiens ont encore du travail pour nous faire comprendre pourquoi on créa des faux dauphins.

Le livre de jacques Soppelsa est une nouvelle pièce au dossier. Il intéresse tous ceux qui recherchent derrière les évènements les causes secrètes de l’histoire.


Chronologie du règne de Henri IV

- 1553 - 13 décembre : naissance à Pau d'Henri de Navarre, futur Henri IV (baptisé le 6 mars 1554) -

- 1562 - 1er mars : massacre de Wassy. Début des guerres de religion

 - 1562 - 17 novembre : mort d'Antoine de Bourbon, père du futur Henri IV

- 1572 - 10 juin : mort de Jeanne d'Albret mère du futur Henri IV qui devient Roi de Navarre.  

-  1572 - 18 août : mariage d'Henri de Navarre avec Marguerite de Valois

- 1572 - 24-25 août : massacre de la Saint-Barthélemy

 - 1576 : Formation de la Ligue

- 1576 - 22 février : Henri de Navarre doit fuir de Paris pour protéger sa vie

- 1576 - 13 juin : abjuration du catholicisme - Sixième guerre de religion

 - 1581 : Henri de Navarre devient "protecteur" des églises réformées de France

 - 1588- 23-24 décembre: exécution du duc de Guise et de son frère le cardinal

 - 1589 - 1er août : assassinat d'Henri III; Henri de Navarre devient Henri IV de France et de Navarre

 - 1589 - 21 septembre : bataille d'Arques

 - 1590 - 14 mars : victoire d'Ivry

- 1590 - juillet-août : siège de Paris

- 1593 - janvier : états généraux de la Ligue à Paris

 - 1593 - 25 juillet : abjuration de Henri IV à Saint-Denis

 - 1594 - 27 février : sacre de Henri IV, à Chartres suivi de l’entrée du Roi à Paris (22 mars)

 - 1598 - 13 avril : Edit de Nantes (paix religieuse)

 - 1598 - 1599 : Sully surintendant des finances

 - 1600 - 17 décembre : mariage à Lyon, de Henri IV et de Marie de Médicis

 - 1601 - 27 septembre : naissance du dauphin Louis, futur Louis XIII

 - 1602 - 12 novembre : Sully nommé surintendant des bâtiments royaux puis le 24 mars suivant voyer particulier de Paris, début des travaux d’urbanisme.

 - 1604 - 11 mars : adjudication de la construction du canal de Briare

 - 1606 - février : Achèvement à Paris du Pont Neuf, suivi du début de la construction de la place de France (inachevée), de la construction de la place Dauphine (1607) et de la place royale (future Place des Vosges).

 - 1608 : fondation de Québec.

 - 1610 - 13 mai : sacre de Marie de Médicis à Saint-Denis

 - 1610 - 14 mai : assassinat d'Henri IV, à Paris. Avènement de Louis XIII. Marie de Médicis régen

Henri IV et l'Urbanisme (1607)

«  Nous voulons que notre Grand Voyer… ait connaissance de ladite voirie tant des villes, faux bourgs, et grands chemins vulgairement appelés chemins royaux… Voulons aussi et nous plaît que lorsque les rues et chemins seront encombrés ou incommodez, notre dit grand-voyer ou ses commis enjoignent aux particuliers de faire oster les dits empeschements…

« Henry par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre… ayant reconnu ci-devant combien il importait au public que les grands chemins, chaussées, ponts, passages, rivières, places publiques et rues des villes de cestury notre royaume fussent rendus en tel estat que, pour le libre passage et commodités de nos sujets, ils n’y trouvassent aucun destourbier ou empêchements… nous avions expédié notre édit du mois de mai 1599 pour la création du titre d’office de l’estat de Grand Voyer de France… en faveur de notre très cher et aimé cousin, le sieur duc de Sully, Grand Maistre de notre Artillerie… qui s’en est jusqu’à présent si dignement acquitté qu’il nous a donné tout sujet de contentement… Mais d’autant que depuis il s’est glissé plusieurs désordres dans la charge de Voirie, particulièrement en notre ville de Paris… par la négligence des officiers d’icelle… nous avons estimé non seulement utile mais très nécessaire pour le bien de nos sujets, leur donner une particulière connaissance sur celui de ladite voirie, comme aussi pour leurs droits que nous voulons être dorénavant perceux par nos voyers, ou ceux qui seront par eux commis à cet effet.   

« … Défendons à notre dit Grand Voyer ou ses commis de permettre qu’il soit fait aucunes saillies, avences et pans de bois ès rues aux bastiments neufs et mesme à ceux où il y en a à présent de contraindre les réédifier… ainsi faire le tout continuer à plomb depuis le rez de chaussée tout contremont, et pourvoir à ce que les tues s’embellissent et s’élargissent au mieux que faire se pourra, et en baillant par lui les alignements, redressera les murs où il aura pli ou coude, et de tout sera tenu de donner par écrit sont procès-verbal de lui signé ou de son greffier portant l’alignement desdits édifices de deux toises en deux toises, à ce qu’il n’y soit contrevenu. Pour lesquels alignements nous lui avons ordonné soixante sols parisis pour maison, payables par les particuliers qui feront faire lesdites édifications sur ladite voirie…

« Comme aussi nous défendons à tous nos dits sujets de ladite ville, faux bourgs, prévosté et vicomté de Paris et autres villes de ce royaume faire aucun édifice, pan de mur, jambes, estrier, encoignures, caves ni canal, forme ronde en saillie… auvents, enseignes, establies, cages à menuiserie, châssis à verre et autres avances sur ladite voirie sans le congé et l’alignement de notre dit Grand Voyer ou desdits commis.

« … Pareillement avons défendu et défendons à tous nos dits sujets de jeter dans les rues eaux ni ordures par les fenêtres de jour ni de nuit…

« Ordonnons à notre dit Grand Voyer ou commis de faire crier aux quatre fêtes annuelles de l’an, de par nous et de par lui, à ce que les rues soient nettoyées, et outre qu’il y ait à ordonner aux charretiers conduisant terreaux et gravois et autres immondices de les porter aux champs…

« Voulons et nous plaist que le dit Grand Voyer et ses commis aient l’œil et connoissance du pavement desdites rues, voies, quais et chemins… »


Un paradoxe français, le 21 janvier

Les Français ont la mémoire courte et souvent ils apparaissent comme bien changeants. Pourtant force est de constater que dans leur mémoire, des permanences existent. Chaque année il en est une qui n’est pas sans étonner l’observateur, celle qui concerne les commémorations de la mort du roi Louis XVI, le 21 janvier 1793. Elles se comptent par centaines en France et même à l’étranger. L’essentiel de ces manifestations sont des messes. Mais il y a aussi des repas, des marches, des dépôts de gerbes. Cette date apparaît ainsi comme un rendez-vous annuel que les Français ont avec leur histoire. En dehors des anniversaires liées aux deux dernières guerres et aux évènements qui s’y rattachent, aucun autre évènement historique n’est solennisé si régulièrement et si nationalement.

Le plus remarquable est que ces manifestations sont spontanées. La plupart du temps les autorités n’y participent pas. Les élus qui y assistent –et ils sont plus nombreux qu’on ne le croît à première vue- le font à titre privé. Les grandes villes, Paris, Lyon, Marseille, se permettent d’avoir plusieurs cérémonies. Des églises plus ou moins pleines en temps ordinaire, se retrouvent l’espace d’une messe remplies.

Le fait que cela soit spontané, mérite que l’on s’y arrête. Les commémorations ne peuvent s’imposer légalement. Le récent débat sur la mémoire officielle le montre bien. Elles ne se décrètent pas ou alors il faut les associer à des jours fériés…

En revanche, le souvenir de Louis XVI s’est imposé naturellement et cela dure depuis des décennies et des décennies. Sans doute parce qu’il est un symbole. A lui seul, il marque l’ancien régime et le synthétise. Les Français savent plus ou moins inconsciemment que toute leur histoire, leur culture, leurs institutions, leur langue se sont mises en place et se sont épanouies « à l’ombre des lys » comme disent les poètes. Quant à fin de Louis XVI, n’est-elle pas non plus le symbole de la dérive des hommes et du pouvoir. Plus personne ne reconnaît au roi une quelconque responsabilité ou une faute. Coupable de rien, si ce n’est d’avoir été là au mauvais moment, sa mort correspond au premier procès politique. Il montre aussi les limites d’une telle justice, celle de l’arbitraire. En un mot, sa mort est le petit signal qu’il faut conserver et qui génération après génération, rappelle qu’en politique il faut savoir raison garder et ne pas aller trop loin. Le message vaut pour hier comme pour aujourd’hui. Pour aujourd’hui comme pour demain !

Cet instinct qui fait que les Français conservent pieusement les temps forts de leur histoire est le même que celui qui s’observe dés qu’un monument éponyme est atteint : ancien Parlement de Bretagne, Château de Lunéville, Versailles et les Trianons après les tempêtes de 1999, plus récemment le château du roi René à Angers. Chaque fois comme les messes pour le roi Louis XVI, les Français se mobilisent et envoient leurs dons pour maintenir cette part d’éternité que leur procure leur histoire. Ils savent que pour écrire demain il faut savoir lire le passé, c’est à dire conserver ses racines.

Qu'est-ce que la royauté ?

En France la royauté n'a jamais été imposée. C'est un choix de la société qui au lendemain des invasions et de la dissolution du pouvoir avec l'écroulement du pouvoir romain, a cherché à retrouver un régime stable lui permettant de se développer et d'assurer à l'ensemble de la population sécurité, justice, libertés en un mot tout ce qui fait ques  hommes puissent vivre et s'épanouir sans avoir peu du lendemain tant pour eux que pour leurs enfants. Un régime garanti du présent et de l'avenir.

Ainsi la royauté, modèle français car ce n'est pas le cas pour toutes les monarchies dans le monde, est avant tout un modèle social et poser la question "qu'est-ce que la monarchie ? " c'est avant tout poser celle de savoir "quelle société veut-on?"

Le tableau ci dessous résume le deux grands modèles, le contemporain et celui de la France royale qui a permis à notre pays de se développer durant plus de dix siècles en faisant rayonner sa civilisation ("le modèle français" ) sur toute l'Europe et une partie du monde

 Royauté française       

Transcendance, réalisme, être, sujet, droit naturel intangible, l'esprit domine la matière, le Droit objectif et  la Justice

Bien commun,

Inscription dans le temps

Pouvoir est un service dont le détenteur (le roi) est le gérant

Société ordonnée, hiérarchique, axée sur les fins dernières de l'homme

Economie ordonnée aux besoins de l'homme

Modèle post révolutionnaire

Immanence, idéalisme, avoir, objet, droits subjectifs sujet des contingences, la matière s'impose à l'homme, relativisme

Profit individuel

Présent

Toute puissance du pouvoir (du peuple) défini par la loi qui est variable

Désordre social égalitariste axé sur les satisfactions hédonistes

Primat de l'économie sur l'homme

 Une citation en hommage à Soljénitsyne mort durant l'été 2008!

"Toute culture nationale est bénie; les nations sont les couleurs de l'humanité. L'existence, dès l'origine, des peuples différents fait partie du plan divin: à la différence des autres organisations, la nation, comme la famille ou la perosnne, n'est pas une création humaine".

France et royauté

Clovis, roi des Francs, fut sacré à Reims par l’archevêque Remi. Il ouvrait plus de mille cinq cents ans de grandeur pour la France.

Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens directs, Valois et Bourbons ont exercé, grâce à l’efficacité des lois fondamentales du royaume, peu à peu découvertes et mises au point, la dignité royale pendant quinze siècles. En aval, la Restauration des aînés, puis l’usurpation de Louis-Philippe, couvrent encore une partie du XIXème siècle.

Au service de la France
La monarchie est ainsi étroitement associée à l’histoire de France, ouverte par le baptême de Clovis et le miracle fondateur de la Sainte Ampoule, consommé à nouveau par le sacre des rois très-chrétiens au début de chaque règne, relayé par la sainteté de Louis IX ou de Jeanne d’Arc, entretenu par le voeu de Louis XIII, rappelé enfin par la terrible question posée par le pape Jean-Paul II lors de son premier voyage dans notre pays : « France, qu’as-tu fait de ton baptême ? » Interrogation toujours ouverte qui suscite depuis tant de réflexions et sert d’ancrage à ceux et celles pour qui bien commun et chose publique sont au coeur de l’action, tant il est vrai que l’homme, animal social, est sur terre pour contribuer à la perfection de la société.

Action politique
Le grand œuvre de la monarchie, la transmutation réussie du fer de la dispersion féodale en or de l’unité française - une unité qui n’excluait pas la vraie diversité avant la Révolution - le labeur capétien, ce fut d’abord, tout simplement, la France. A supposer même que la France n’ait pas le caractère de nécessité éternelle et transcendante que certains ont pu lui prêter, c’est tout de même une belle et grande chose. Les « soixante rois », en presque « quinze siècles », ont bien « fait la France ». Ils ont été les patients ouvriers d’un pays singulier, qui aurait sans doute pu être autre, mais qui, étant ce qu’il est, a su accéder à l’universel. On sait bien aujourd’hui - fors un dessein providentiel - que nulle fatalité d’aucune sorte - géographique, ethnique, linguistique ou autre - ne portait la France en ses flancs. Le «pré carré» a bien plutôt résulté du travail patient, tenace, modeste, d’une dynastie terrienne de superbes rois paysans. Voyez Clovis qui abandonne le monde archaïque gallo-romain pour créer un pays neuf en se reposant sur l’autre force nouvelle historique : l’Eglise. Voyez Hugues, le fondateur éponyme; il s’écarte des chimères carolingiennes, il bannit toute nostalgie d’empire universel, il jette son soc comme une ancre et amarre la France à l’Ouest. Voyez ces premiers Capétiens, si faibles, plus faibles à tous égards que les derniers Carolingiens du fait de l’amplification du processus de dissociation politique qui travaille l’Occident : forts de la dignité royale, ils tiennent bon, ils font face à plus puissants qu’eux, ils conquièrent patiemment leur indépendance, envers l’empereur et le pape à l’extérieur et sur les Grands à l’intérieur ; et Philippe-Auguste finit, à Bouvines, en 1214, par étayer la suprématie de droit du roi de France d’une indispensable supériorité de fait. Voyez encore le patient grignotage qui, en plusieurs siècles, va substituer le moderne « hexagone » - définitif, en dépit des guerres sanglantes de la Révolution et de l’Empire - au pentagone médiéval, plus vulnérable, que bornaient l’Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône. Voyez enfin la façon dont Louis XIV cassera la tenaille de la maison d’Autriche en installant son petit-fils Philippe d’Anjou, ancêtre de Mgr le duc d’Anjou, actuel aîné des Bourbons et donc successeur légitime des rois de France, sur le trône de Madrid, d’où ses descendants rayonneront sur l’Italie, faisant de la Méditerranée nord-occidentale une mer bourbonienne au milieu du XVIIIème siècle.
On ne cherchera pas, au principe de cette longue marche, un dessein géopolitique précis : la fermeté capétienne est mise au service de la finesse plus que de la géométrie et la notion de «frontières naturelles» est beaucoup plus tardive. La stratégie matrimoniale relaye d’ailleurs volontiers la gloire des armes. La méthode est celle des petits pas. Seule la folle chevauchée des guerres d’Italie fait exception mais le comptable le plus sévère l’excusera peut-être, sinon à cause du panache, du moins en considération du vaste mouvement intellectuel et artistique qu’elle a suscité.
Rayonnement par les armes. Rayonnement par les surgeons que l’arbre capétien multiplia dans les pays les plus divers. La France des Bourbons rayonna aussi en effet par les arts, encouragés avec un goût sans faille, et par les lettres. La pointe de la plume relayait celle de l’épée et le plat de la truelle celui du sabre pour l’édification de la grandeur française.

Rayonnement culturel
Comment oublier que la plupart des grands édifices artistiques et culturels qui font, aujourd’hui encore, le renom de la France, ont été créés, protégés et encouragés par nos rois ? Et, alors que la langue française est en pleine déconfiture, comment n’avoir pas le coeur serré en évoquant ce XVIIIème siècle où, culturellement, l’Europe était française et où les élites parlaient la langue de nos classiques du Rhin à l’Oural ?
Trente-six rois capétiens en huit cents ans. Trente de plus de Clovis à Hugues Capet. Quatre encore, si l’on remonte au légendaire Pharamond... Au regard de la continuité profonde des trois races royales françaises, ce n’est pas des «quarante rois qui en mille ans... » qu’il faudrait parler, mais «soixante-dix rois qui en quinze siècles» ont, sinon fait la France, au pied de la lettre, du moins étroitement façonné notre pays, dans sa géographie, sa langue, sa religion, ses arts, ses moeurs, sa politique au sens le plus noble du terme... L’héritage de la Monarchie appartient ainsi, indivisément, à tous les Français.
La mémoire nationale est en crise. Au moins est-il urgent, sauf à se dissoudre et à disparaître - hypothèse qui n’a rien d’absurde au regard de plusieurs indices, notamment démographiques - qu’ils prennent une vraie conscience de ce qu’ils sont dans la longue durée et qu’ils partagent en commun le miracle singulier de leur histoire nationale. Sans le sentiment aigu d’un passé commun, les Français manqueront leur avenir.



Les Bourbons aux XIXe et XXe siècles

 La famille des Rois de France est composée de tous les descendants par les mâles de Hugues Capet

Cette famille s’est nommée « Maison de France » à partir de la fin du XIIIème siècle. Puis, à partir de Louis XIV, « auguste Maison de Bourbon ». C’est qu’alors les Bourbons, issus de Louis XIII ou d’un cousin de ce dernier - branche de Condé ou de Conti - étaient les seuls Capétiens dynastes.
A la mort du dernier Condé en 1830, seuls les descendants de Louis XIII subsistent.
Le chef de l’auguste Maison de Bourbon est l’aîné selon l’ordre de primogéniture des mâles. Il porte les armes de France pleines : d’azur à trois fleurs de lis d’or. Les cadets doivent briser ces armes.
La Cour d’appel de Paris a rendu un arrêt le 22 novembre 1989, qui confirmait ce port des pleines armes par l’aîné des Bourbons, reconnaissant que c’est là une coutume bien établie chez les aînés des Bourbons-Anjou « d’Espagne » depuis plus de cent ans, c’est-à-dire depuis la mort du comte de Chambord.
L’aîné des Bourbons, et donc successeur des Rois de France, était, jusqu’à sa disparition le 30 janvier 1989 dans un accident de ski, Alphonse, duc d’Anjou et de Cadix qui a participé officiellement à de nombreuses manifestations du millénaire capétien tout au long de l’année 1987. Aujourd’hui, son fils Louis-Alphonse, né le 25 avril 1974, 760 ans jour pour jour après son illustre ancêtre et patron saint Louis, lui a succédé avec le titre de duc d’Anjou. Comme son père il est présent de toutes les manifestations dynastiques qui se tiennent en France. Marié depuis 2004, sa fille, SAR la Princesse Eugénie, née en mars 2007, a été baptisée à Paris dans la Chapelle de la Nonciature Apostolique.

Parmi les nombreux princes de la branche des Bourbons-Anjou, on retiendra tout particulièrement S.M. Jean-Charles 1er, roi d'Espagne depuis 1975, et S.A.R. Jean, grand-duc de Luxembourg, issu des Bourbons-Parme. S.M.I. et R. Zita, décédée en 1989, qui fut la dernière impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, était née princesse de Parme. S.A.R. Charles, duc de Calabre, est le chef de la famille royale des Deux-Siciles et de Jérusalem (c’est à dire le royaume de Naples). S.A.R. Charles-Hugues, duc de Parme, est chef de la famille souveraine de Parme.
La branche d'Orléans, issue de Philippe, duc d'Orléans, frère de Louis XIV, est cadette par rapport à l'ensemble de la branche issue du duc d'Anjou, Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV. L'aîné de la branche d'Orléans est aujourd'hui S.A.R. Henri, duc d'Orléans, comte de Paris. Son neveu, S.A.I. Louis d'Orléans et Bragance, est chef de la famille impériale du Brésil.



Les successeurs du comte de Chambord


Listes des Princes qui, depuis 1883 jusqu’à aujourd’hui, ont maintenu intact le principe sacré de la monarchie comme successeurs légitimes au trône de France.

Jean III (1822, 1883, † 1887)
Ce prince devient, en 1883, à la mort de son beau-frère le comte de Chambord, dont il était le plus proche parent par les mâles, l’aîné de la Maison de Bourbon. A ce titre, malgré la tentative des princes de la branche d’Orléans, il préside les obsèques officielles du comte de Chambord à Göritz ou Gorizia (Slovénie et Italie).
Jean III meurt le 18 novembre 1887 à Brighton, où il résidait habituellement. Il est inhumé dans la cathédrale de Trieste. Son fils lui succéda.

Charles XI (1848, 1887, † 1909)
Le nouveau chef de la Maison de Bourbon, connu comme Don Carlos, est une forte personnalité qui a marqué son époque. Bien que lié par ses engagements envers l’Espagne, où il a défendu les armes à la main ses droits dynastiques face aux libéraux, il a tenu à rester fidèle aux devoirs que l’aînesse de la Maison de Bourbon lui imposait vis-à-vis de la France. Il eut l’occasion de le rappeler à plusieurs reprises en adressant des messages et des manifestes à ses fidèles.
Charles XI mourut à Varèse (Italie) le 18 juillet 1909. Son fils lui succéda.

Jacques 1er (1870, 1909, † 1931)
Elevé à Froshdorf auprès du comte de Chambord, Jacques 1er était le fils de Charles XI et de la princesse Marguerite de Bourbon-Parme, elle-même petite-fille du duc de Berry. Bien que frappé par la loi d’exil qui interdisait le sol de France à tous les chefs de maisons ayant régné,
résidant souvent à Paris, il put redonner espoir aux monarchistes français en participant à de nombreuses manifestations en France. Il avait hérité de sa tante, la comtesse de Chambord, du château de Froshdorf et des archives de la Maison de France.
Il mourut le 4 octobre 1931. La messe solennelle célébrée à Paris fut suivie par de très nombreuses personnalités, au premier rang desquelles figurait le Maréchal Lyautey.

Alphonse-Charles XII (1849, 1931, † 1936)
L’oncle du prince Jacques, octogénaire, allait être jusqu’en 1936 le chef de la Maison de Bourbon. Ancien officier des Zouaves pontificaux, il avait été blessé pour la défense du Saint-Siège lors de la prise de Rome par les Piémontais en septembre 1870, puis avait mis son ardeur au service de son frère pendant la dernière guerre carliste.
Il mourut à Vienne le 29 septembre 1936. Il n’avait pas d’enfant. Son successeur légitime était son cousin, petit fils de son grand oncle, François de Paule, frère cadet du premier Don Carlos.

Alphonse 1er (1886, 1936, † 1941)
Le petit fils de François [de Paule], fils de François [d’Assise], successeur salique des rois des France par extinction successive des premiers rameaux de la branche aînée, était Alphonse XIII d’Espagne, qui devenait roi de France sous le nom d’Alphonse 1er. Sur le trône de Madrid, il avait toujours marqué son amour de la France : les immenses services qu’il rendit à celle-ci au cours de la guerre de 1914-1918 lui valurent, honneur exceptionnel pour un souverain non-belligérant, la Médaille militaire.
Investi des droits et des devoirs de l’aîné des Bourbons, il prit les pleines armes de France en enlevant la bordure de gueule autour des fleurs de lys. La période troublée l’empêcha d’avoir une action importante mais dés 1936 il s’était rapproché de son Chef de Maison, à l’époque le Prince Jacques, dont il avait reconnu l’aînesse et les droits immémoriaux.
Il mourut à Rome le 28 février 1941.

Jacques-Henri VI (1908,1941, † 1975)
Ce prince, qui avait renoncé au trône d’Espagne en 1931, se dévoua à maintenir l’héritage des lys. Dès 1946, il fit une proclamation auprès des cours européennes pour rappeler ses droits. Il fit maints voyages en France et adressa plusieurs manifestes (notamment sur l’Algérie française, et contre l’avortement).
Il mourut à Saint-Gall, en Suisse, le 20 février 1975, laissant la succession à son fils, Alphonse II, duc d’Anjou et de Cadix. Celui-ci poursuivit et intensifia son oeuvre pendant quatorze ans, en particulier lors du millénaire capétien dont le succès dans toute la France, tint pour beaucoup à sa personnalité. Reconnu par l’ensemble des autorités nationales, il a laissé de nombreux messages. Il est décédé accidentellement à Beaver Creek (USA), le 30 janvier 1989. Son fils, le Prince Louis alors âgé de 14 ans lui succéda comme chef de la maison de Bourbon et successeur du roi de France.

Alphonse II, duc d’Anjou (1936,1975  † 1989
Le Prince Alphonse né en 1936 du mariage du prince Jacques-henri (1908-1975) duc d’Anjou et de Ségovie et de la princesse née Emmanuelle de Dampierre, est devenu chef de la Maison de Bourbon en 1975. La mort de son père en faisait l’héritier légitime et le successeur des rois de France.
A partir de cette date son activité n’a cessé de croître.
Il a participé à de très nombreuses manifestations dynastiques et historiques dont il assumait toujours, avec beaucoup de disponibilité, la présidence, souvent associé aux autorités.
De son mariage naquirent deux princes ; L’aîné, le dauphin François est décédé accidentellement en février 1984. Le cadet, le Prince Louis, né en 1974, assume l’héritage de la maison royale de France depuis 1989.
En 1987, le Prince Alphonse donna toute son impulsion aux cérémonies du millénaire capétien qui eurent lieu sur l’ensemble du territoire français.
C’est au lendemain de la messe pour Louis XVI qu’il présida en compagnie de son fils, le 21 janvier 1989 à Saint-Denis, que le Prince Alphonse devait trouver une mort tragique le 30 janvier 1989.
Depuis cette date, son fils, le Prince Louis qui a relevé le titre de duc d’Anjou, assume l’aînesse de la Maison de Bourbon. Marié à la Princesse Marie-Marguerite, le prince a deux fils, les Princes Louis (Dauphin) et Alphonse (nés le 28 mai 2010) et une fille SAR la Princesse Eugénie. 



« Je m’en vais, mais I’Etat demeurera toujours »  le Roi de France au service de la Couronne


Ainsi s’exprimait Louis XIV dont le Prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou (Louis XX pour ses fidèles) est aujourd’hui le descendant direct.

Par ces mots, le « Roi Soleil » rappelait la primauté de l’Etat, ou de la couronne comme on disait alors. Cette notion est essentielle, car elle explique sans doute la longue durée des institutions françaises de l’Ancien Régime. La France, en effet, fut le premier pays à se doter d’une constitution qui, pour n’être pas écrite, n’en était pas moins respectée par tous, à commencer par le Roi. Elle était formée de principes simples, qu’on appelle aussi « Lois Fondamentales ».

Ces principes étaient de trois ordres ils assuraient la pérennité de l’Etat, ils réglaient les lois de succession au Trône, ils affirmaient la nécessaire catholicité du Roi.

PÉRENNITÉ DE L’ÉTAT
C’est le premier principe hérité de l’ imperium romain et redécouvert pour répondre au risque de dissociation du pouvoir que faisait courir la féodalité.
Il s’agissait de rappeler que le Royaume n’était pas la possession privée du Roi. La Couronne était déclarée indisponible, car la royauté était considérée comme un « office public ».

Charles VII déclarait au pape Martin V:
« Le Roi n’a qu’une manière d’administration et d’usage de la Couronne. Il ne peut ni l’aliéner, ni bailler le Royaume en d’autres mains, ni ôter à son fils ce droit. »
Ce principe de pérennité de l’Etat est au coeur de notre actuelle notion de « Service Public » et d’Etat de Droit. Il a été repris par tous les régimes qui ont succédé à la Royauté. Les Français y sont attachés. Il garantit, en particulier, les libertés individuelles et forge la notion de droit public.
Pour garantir la notion de pérennité de l’Etat, encore fallait-il que des règles précises soient appliquées pour définir le détenteur du pouvoir.

TRANSMISSION DU POUVOIR ET LÉGITIMITÉ

Afin d’éviter que la transmission du Pouvoir soit livrée aux passions qui auraient vite fait disparaître la notion d’« Office Public », des principes de transmission sont mis en œuvre dès Hugues Capet : l’hérédité, la masculinité.

1) Principe d’hérédité et primogéniture
La Couronne se transmet de mâle en mâle, par ordre d’aînesse. En cas d’extinction de la branche aînée, elle passe à l’aîné de la branche qui la suit immédiatement. Comme l’avait écrit en 1411 le juriste Jean de Terre-Vermeille, « La dévolution de la Couronne est déterminée par la seule force de la coutume, à savoir que la succession simple est déférée aux aînés mâles en ligne directe. »

2) Principe de masculinité et collatéralité: les femmes sont exclues de la succession.
Deux raisons militent pour ce principe. Le premier, lié à la notion d’Etat et plus précisément d’Etat de droit. Ouvrir aux femmes le droit à la succession risquerait de faire passer la France aux mains d’une dynastie étrangère. L’argument est de poids, puisque seule la France a toujours conservé une dynastie nationale.

Le second argument est spirituel et découle du caractère sacré de la royauté française depuis le baptême de Clovis et le sacre des Rois, car l’office royal est d’ordre ecclésiastique. De même que l’ordination est réservée aux hommes, de même la fonction de roi, ce que tente d’expliquer l’adage « Les lys ne filent point », et cet autre « Le royaume de France ne tombe pas en quenouille ». C’était l’ancienne loi salique. Faute de descendants mâles en ligne directe, la couronne passe au plus âgé des frères du roi défunt.

Enfin, toujours héritage de Clovis et du sacre, les «Lois Fondamentales» imposent le principe de catholicité.

NÉCESSAIRE CATHOLICITÉ DU ROI
La France, Fille Aînée de I’Eglise, ne peut être gouvernée que par un roi catholique. Ce dernier principe fut proclamé par les Etats-Généraux réunis à Blois en juillet 1588. Ainsi, malgré son accession au trône en 1589, Henri de Navarre ne put être sacré qu’après sa conversion au catholicisme.

Màj :31/06/08

Consécration de la France à la Vierge Marie

par Louis XIII (10 février 1638)

« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Dieu, qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté que d'accidents qui nous menaçaient. Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice du démon ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables à notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice ; la rébellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels, en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques. Si nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes qu'à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés. Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve, et sa puissance le défend. Tant de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l'accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de " nous consacrer à la grandeur de Dieu " par son Fils rabaissé jusqu'à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu'à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c'est chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.
A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la Très Sainte et Très Glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre coeur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l'église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.
Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente Déclaration à la Grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu'à ladite cérémonie les cours de parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d'autant qu'il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d'admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir. »

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième.

Louis, Roi de France

SAINT-DENIS
HAUT LIEU DE LA FRANCE

 
La basilique royale de Saint Denis est surtout connue pour être le lieu où sont enterrés les rois de France et abriter un exceptionnel musée de sculptures, mais elle est plus que cela.

Il existe dans d'autres nations d'Europe des nécropoles royales : l'Escurial à Madrid, Westminster à Londres, la crypte des Capucins à Vienne. Mais l'abbatiale de Saint Denis, infiniment plus ancienne, est surtout bien autre chose que l’ultime tombeau des rois. Par son origine, son rayonnement et sa puissance dus à la renommée de ses reliques et des miracles qui s’y sont accomplis, à sa perfection architecturale, à son histoire, elle est le garant de toutes les légitimités royales et reste le témoin, depuis ses origines, de l’histoire de France.

A l’origine, la légende de saint Denis l’Aréopagite


Le grec Denys l'Aréopagite, converti par Saint Paul, fut envoyé par le Pape Clément Ier pour évangéliser Lutèce au 1er siècle. Après sa décapitation sur la colline de Montmartre, il s'en fut, portant dans ses mains sa tête chantant des cantiques à la gloire de Dieu, jusqu'à un jardin où la jeune chrétienne Catula cueillait des roses. Saisie par un tel prodige, elle s'empressa de dissimuler le précieux corps qui fut enterré à la hâte dans le jardin par d'autres disciples. Ils semèrent sur la tombe quelques graines qui germèrent instantanément afin de soustraire le corps du saint aux recherches des soldats romains lancés à sa poursuite.

Le récit légendaire est complété par ce que l'on sait, en particulier par Grégoire de Tours dans son Historia Francorum. Il rapporte que sous le règne de l'empereur Dèce (IIIème siècle), sept hommes furent envoyés en Gaule pour y prêcher la parole de Dieu et que « ... le bien heureux Denys, après avoir subi divers tourments au nom du Christ, acheva sa vie terrestre sous le glaive ...».
Cette indication formelle situe le martyr vers le milieu du IIIe siècle, date qui coïncide avec d'autres données dignes de foi sur les premières communautés chrétiennes en Gaule.

Il est maintenant historiquement établi que sept évêques envoyés par le Pape Fabien, dont l'un s'appelait Denys, furent envoyés de Rome au IIIe siècle pour évangéliser la Gaule.

La ville de Lutèce lui fut dévolue. Il en fut le premier évêque et le succès de sa prédication fut tel que, considéré comme un danger pour le pouvoir établi, il fut décapité, avec ses deux principaux disciples Rustique et Eleutère, au cours de la persécution qui sévit sous le consulat de Dèce et Gracchus entre 249 et 251

Selon la pratique romaine, l'exécution eut nécessairement lieu en dehors des murs de la cité, de préférence sur une hauteur pour la rendre spectaculaire. La colline située au nord de Lutèce qui, par la tradition, est désignée comme Mons Martyrium, s'impose comme lieu des supplices. Les corps dérobés par les disciples furent ensevelis secrètement dans le cimetière le plus proche appelé Catolacus, bourg important, situé à la jonction de la Seine et des voies romaines en direction du nord, qui sera par la suite dénommé Saint-Denis à la fin des persécutions.
La colline de Montmartre (mons martyrium, mont du martyre) se trouve à mi-chemin entre ce que furent Lutèce et Catolacus.

Cinquante ans après le martyre, la "paix constantinienne» modifia les rapports entre la jeune Eglise chrétienne naissante et le pouvoir. Avec la fin des persécutions, les fidèles purent publiquement exprimer leurs convictions. Un premier monument fut érigé sur la triple tombe de saint Denis et de ses compagnons. Les foules se précipitèrent, attirées par les nombreux miracles qui s’y produisaient

Saint Denys, premier évêque de ce qui deviendra Paris, apparaît, dès une époque lointaine, comme un protecteur. Ce pouvoir s'étendait à son tombeau comme en témoignent les premiers récits.

Sainte Geneviève, la patronne de Paris, qui l'a préservé en 451 de la fureur des Huns, fit construire la première église connue, dédiée à saint Denis, vers 475, quelques années avant qu'accède à la royauté le jeune Clovis.

Clovis et Saint-Denis

Le baptême de Clovis à Reims, en 496, est à l'origine de la christianisation de la France. Parmi différentes justifications c’est aussi en raison du rayonnement, déjà très important, du sanctuaire de Saint-Denis que Clovis a choisi Paris comme capitale de son royaume, sans doute sous l'influence de sainte Geneviève.

A sa suite, ses successeurs, les rois mérovingiens vouèrent un culte très important à ce lieu devenu prestigieux. Ils s'y faisaient enterrer ad sanctos (auprès et à l'ouest du tombeau sacré). Les fouilles ont confirmé que cette pratique existe depuis le Ve siècle, de même qu’elles ont permis de constater que l'église de Sainte Geneviève était beaucoup plus grande qu'on le supposait précédemment.

Dagobert, devenu roi en 622, entreprit, avec son ministre, l'évêque Saint Eloi, de reconstruire splendidement la basilique en l'élargissant par deux nefs latérales. C'est à Dagobert que l'on doit également la fondation de la première communauté monastique régulière destinée à assurer la permanence du service divin et la garde des reliques.

En 732, Charles Martel, fils de Pépin d'Héristal et Maire du Palais sauvait l'Occident à Poitiers.

Les derniers Mérovingiens étant en pleine décadence, Fulrad, élu abbé de Saint-Denis en 749, négocia avec le pape Zacharie Ier de leur substituer Pépin le Bref, fils de Charles Martel.

Premier sacre à Saint-Denis

Zacharie Ier étant mort, le pape Etienne II, son successeur, vint en 754 à Saint-Denis sacrer Pépin le Bref. Le roi avait entrepris la construction d’une seconde et plus grande église qu'acheva son fils Charles, dit Charlemagne.

Le sacre de Pépin a une portée historique dépassant de beaucoup le cadre de l’histoire de France. Sa portée est européenne.

Le Pape Etienne II trouvait en Pépin le protecteur de l'Eglise que menaçaient les Lombards. Pépin descendit en Lombardie et, après la victoire, remit au Souverain Pontife les villes conquises. Ce fut l'origine du pouvoir temporel des Papes et de la reconnaissance pour son rôle de "La France fille aînée de l'Eglise".
L'Abbé Fulrad doit en être considéré comme le principal artisan.

Lors du sacre de Pépin, la nouvelle basilique était loin d'être achevée. C'est seulement le 24 février 775, dans la 7e année de son règne que l'empereur Charlemagne assistera à la dédicace de l'abbatiale carolingienne.

Dom Doublet donne un texte très précieux de la "charte de Charlemagne" car il est très caractéristique de la fusion de la fortune et de la gloire de Saint Denis avec le personnage idéalisé de Saint Charlemagne : "De Dieu seul et de Toi (Saint Denis) je tiens le royaume de France" dit le grand empereur qui fit solennellement l'abbé de Saint Denis le premier des prélats de France

Avec Charlemagne la reconnaissance européenne de Saint-Denis

Le rayonnement spirituel et artistique de l’Abbaye de Saint-Denis se répandit dans toute l'Europe et Charlemagne avait proclamé l'Abbatiale "Chef et maîtresse des églises du royaume". Ce rayonnement continua malgré le déclin de la dynastie carolingienne et les premiers capétiens purent le recueillir à leur profit.

Si Hugues Capet fut proclamé et sacré roi de France en 987 et triompha du dernier carolingien Charles de Lorraine ce fut, en grande partie, parce qu'il était abbé laïque de Saint-Denis dont la puissance et le prestige rayonnaient sur toute l’Europe.


Les temps capétiens

Les Français adoptèrent pour cri d'armes MONJOIE SAINT-DENYS et le rouge gonfanon de l'abbaye devint l'Oriflamme, le symbole de l'unité de la France, levé solennellement dans la Basilique Royale à chaque occasion de grand péril extérieur. Il fut levé victorieusement en 1124 par Louis VI le Gros. En 1214, Philippe Auguste le lève et ce fut la bataille victorieuse de Bouvines où face à la coalition qui menaçait la France, le rassemblement des forces venues de tout le royaume, du nord au sud, de la fleur de la chevalerie française alliée aux milices populaires et bourgeoises, brisa l'effort des envahisseurs. L'Oriflamme a disparu à la bataille d'Azincourt, probablement détruit par ceux qui en avaient la garde, pour éviter qu'il ne tombe entre les mains de l’ennemi.

A Saint-Denis est né l'art gothique.

Suger, abbé de Saint-Denis (1081-1151), un des plus grands ministres de France, veut reconstruire l'église carolingienne qui tombe en ruine. Il commence par le narthex consacré en 1140 et l'abside consacrée en 1144. Il dote ces nouvelles constructions de merveilleux vitraux dont quelques uns subsistent encore.

Le plan de cette église supérieure est l'archétype de celui de toutes les cathédrales qui vont fleurir en France et dans toute l’Europe

Saint Louis fait en partie réédifier l'église par Pierre de Montereau, l'architecte de la Sainte Chapelle, sur un plan plus grand et plus parfait que celui de Suger, l'art gothique ayant en un siècle fait des progrès. Le roi aménage l'ensemble des tombeaux de ses prédécesseurs des trois dynasties : "Saint Louis désirait que Saint Denis soit également un mausolée où les tombes de ses ancêtres royaux ou leurs monuments commémoratifs puissent être disposés avec honneur".

Saint-Denis, les Regalia, et le cœur symbolique de la France

Depuis au moins le douzième siècle, les insignes royaux sont déposés dans le Trésor : c'est de là qu'ils sont apportés à Reims pour chaque sacre : l'abbaye de Saint-Denis fait figure de centre moral de la France.

Philippe III le Hardi dépose à Saint-Denis le corps de son père Saint Louis mort à Tunis, et Charles V y fait ensevelir le connétable du Guesclin.

Le 8 septembre 1429, Jeanne d'Arc, blessée devant Paris, vint déposer son épée sur l'autel de Saint Denis peu de temps avant d'être faite prisonnière. Elle y eut connaissance de la fin de sa mission.

La Renaissance élève à Saint-Denis de merveilleux monuments : tombeaux de Louis XII, de François Ier et de Henri II.

Henri IV embrasse à Saint-Denis la foi catholique en 1593 achevant ainsi la réconciliation des Français. 

Saint-Denis haut lieu de la royauté française 

Louis XIII et Richelieu réforment l’abbaye.
Bossuet y fit entendre trois de ses admirables oraisons funèbres.
Louis XIV fit élever un splendide tombeau à Turenne

Mais tout n'était pas que deuils ou gravité.
Que de sacres de reines, que d'illustres visites depuis celles des papes Etienne II, Adrien Ier, Léon III, etc. à tel point que l'abbaye fut appelée l'Hostellerie des Papes.
Les fastes des réceptions des empereurs Charles IV et Charles-Quint sont restés célèbres.

La rupture de la Révolution

Les évènements de la fin du 18ème siècle amenèrent un changement aussi brutal que profond.
Le décret de l'Assemblée Nationale du 18 février 1790 supprimait les ordres monastiques.
Le 12 septembre 1792, les Bénédictins chantèrent leur dernier office.

Pour célébrer "le premier anniversaire de la victoire du peuple" Barrère proposa "de détruire tous les monuments de l'église de Saint-Denis, effrayants souvenirs des ci-devant rois ;". Les 6, 7 et 8 août 1793, 51 sépultures royales ainsi que 47 gisants furent détruits. Puis ce furent les effroyables profanations des tombes.
"Les fabuleuses richesses de l'ancien trésor de Saint-Denis accumulées par la piété royale depuis Dagobert jusqu'à Louis XVI, ont été à jamais anéanties par le vandalisme Jacobin, en 1793. Ses épaves sont dispersées entre la galerie d'Apollon au Louvre et le Cabinet des Médailles à la Bibliothèque Nationale " (Jean Feray ).
L'Abbatiale devint le Temple de la raison puis elle fut fermée et vouée à l’abandon.
Chateaubriand écrivit dans le Génie du Christianisme "Saint Denis est désert, l'oiseau l'a pris pour passage, l'herbe croît sur ses autels brisés ; au lieu du Cantique de la mort qui retentissait sous ses dômes, on n'entend plus que les gouttes de pluie qui tombent par son toit découvert, la chute de quelques pierres qui se détachent de ses murs en ruine ou le son de son horloge qui va roulant dans les tombeaux ouverts et les souterrains dévastés" (L. II, ch 9) .


De Napoléon à la Restauration

Trois mois à peine après son couronnement, Napoléon Ier qui avait tout de suite compris l'importance de Saint-Denis et qui voulait assurer une légitimité à sa dynastie, avec l'intention de s'y faire ensevelir, décida une restauration qu'il voulait rapide. Elle fut conduite de façon très médiocre et occasionna de grands désordres dans les cryptes où l'empereur voulait faire construire son tombeau.

A la Restauration, Louis XVIII fit ramener à Saint-Denis, en grande pompe, les corps de son frère Louis XVI et de la reine Marie Antoinette qui, après avoir été guillotinés, avaient été inhumés au cimetière de la Madeleine. Ils furent installés dans le "Caveau Royal", rétabli dans la crypte d'Hilduin où ils furent rejoints plus tard par le duc de Berry et plusieurs autres princes de la Maison de Bourbon.


Le sauvetage de l’édifice

Des restaurations de nature et de qualités diverses furent pratiquées pendant la plus grande partie de XIXe siècle.

Depuis la dernière guerre, de très importantes restaurations ont été effectuées et la crypte a été manénagée pour mieux présenter les sépultures des derniers Bourbons. 

Les fouilles ont permis de nombreuses découvertes. Un sarcophage triple, situé dans l'axe des chœurs de toutes les églises successives, qui selon toute vraisemblance ne peut être que celui de Saint Denis et de ses deux compagnons.
M. Michel Fleury a mis à jour des trésors archéologiques dont de très rares bijoux mérovingiens et le sarcophage contenant les restes de la reine Arégonde.

La crypte avant les aménagements

La crypte d’Hilduin a été réaménagée. Louis XVI et la reine Marie Antoinette y trouvent leur dernier sommeil. Louis XVIII a rejoint son frère. Une place vide attend Charles X, dernier roi de France dont le corps repose encore en terre étrangère, dans l’actuelle Slovénie.
La crypte des Bourbons a été elle aussi complètement réaménagée. Le cœur de Louis XVII, identifié en 2005, grâce aux récentes découvertes scientifiques, y a trouvé sa place.

Une chapelle des Princes a été créée pour recevoir les cercueils du duc de Berry et de deux de ses enfants morts nés, des deux derniers Princes de Condé et des deux filles de Louis XVI enterrées initialement, en exil, à Trieste.

Les messes perpétuelles furent instituées par l'ordonnance du 21 janvier 1815 du roi Louis XVIII, lorsqu'il fit transporter les corps du roi Louis XVI et de la reine Marie Antoinette, à la Basilique Royale de Saint-Denis. Cette tradition est perpétuée depuis 1914 par le Mémorial de France à Saint-Denys.

Plus d'info: www.memorialdefrance.com

La Francophonie dernier héritage de la royauté et de la civilisation française

Québec et francophonie

L’année 2008 marque le 400ème anniversaire de la fondation de Québec. 1608-2008. 1608 nous plonge aussi dans le règne du grand Henri IV. Québec nous amène à penser à la permanence de la langue française dans l’ancienne « belle Province ».

Tout cela réunit forme un beau thème de réflexion c’est ainsi que la fondation de Québec et la francophonie peuvent être réunies pour une réflexion commune. Au-delà de l’évènement historique de la fondation d’une ville, il y aussi une langue qui a su trouver un nouveau lieu d’asile et au-delà de cette langue, le français, une manière de penser et de voir la vie. De comprendre la vie.

Ainsi il nous revient souvent de nous poser la question de savoir quel est l’héritage de la royauté française, des 1500 ans de royauté française. Certes l’héritage est multiple, partagé entre les arts, le sens de l’Etat et du bien commun, la « chose publique » terme malheureusement dévoyé par la république, des frontières et une identité etc. Un auteur dans les années trente a parlé de l’Algérie comme dernier cadeau de la monarchie à la France. Il avait alors raison mais pour le paraphraser ne pourrait-on dire que c’est justement la langue française et donc la francophonie qui à défaut d’être le dernier cadeau de la monarchie à la France est celui qui continue à vivre.

Elle puise ses sources dans nos institutions et en particulier dans le fameux édit de Villers Cotterêt qui imposa la langue. Elle est apparue alors à François 1er comme le prolongement des institutions qui se mettaient en place. Un seul royaume, une seule langue.
Derrière la francophonie de profile une idée très importante qui est celle d’une certaine universalité. L’universalité d’une manière de penser, d’une manière d’être.

La francophonie regroupe des pays et des peuples qui ont tous une certaine idée du monde et de la société. C’est ainsi et c’est sans doute le seul cas pour une langue qu’elle est parlée par des peuples qui l’ont choisie de leur plein gré sans qu’il y ait obligatoirement conquête préalable. Notre langue est parlée ainsi en Egypte comme en Roumanie. Elle fut celle de Buenos-Aires comme celle, durant longtemps, d’une grande partie de l’élite intellectuelle et politique de nombreux états et à ce titre parlée aussi bien à Moscou qu’à Wien. De par le monde de nombreux écrivains continuent à l’employer car elle seule permet de traduire certaines émotions et certains concepts.

Voilà pourquoi le rappel de la création d’une ville sur l’autre monde est un symbole fort qui permet de mieux comprendre ce qui s’est passé au début des années 1600 mais qui est assez puisant pour que ses conséquences soient toujours visibles. Il est dommage que la France républicaine –mais ce n’est pas la première fois qu’elle est l’exacte contraire de la France éternelle et telle que la voudrait bien des peuples, la France civilisatrice, porteuse de sens- ne fasse pas les efforts suffisants pour développer la culture française à travers son véhicule, la langue. Le budget de la francophonie ne cesse de diminuer, la langue française n’est pas défendue dans les instances internationales et européennes quand bien même elle fait partie des langues officielles…Une grande part des textes de la communauté européenne sont incompréhensibles car ce ni le français, ne le méthode française faite de clarté (un sujet un verbe un complément, base de la grammaire) qui est employée.
Il nous convient à tous de faire des efforts et de faciliter les échanges, les envois de livres notamment aux Alliances françaises, aux lycées français et aux centres culturels à l’étranger qui ne sont plus ou quasiment plus, financés par la république. C’est à la France réelle de prendre le relais.

Toutes les demandes en ce sens seront bien reçues ici ( info@sciencehistorique.com )
Novembre 2008

LES PAYS D'EUROPE OU IL FAIT BON VIVRE

Un  rapport  bien instructif sur "Les réalités sociales françaises à l’aune européenne" ou “le portrait social des Français dans l’Europe” vient d’être publié -octobre 2007- par le  Centre  d’analyse  stratégique (www.strategie.gouv.fr). Un rapport de plus?  Pas  exactement, la  carte de l’Europe du bonheur  qu’il donne en sa page 14 est  riche d’intérêt. Pour chacun des 25 pays  de l’Union est  donné le pourcentage  de population  se disant  “très heureuse”. Le prisme  des résultats  est large  puisqu’il va de 10%  pour  les Slovaques à 49 % pour les Danois, la France occupant une  honorable  8 éme place  avec 31%. 

Ceci étant rappelé, il est  n’est pas sans intérêt de se  demander  où se situent les pays les plus heureux :

- pas les plus anciennement constitués; La France  dont le  baptême remonte à Clovis (496) abrite 31 % de  personnes  très heureuses mais la Belgique  qui n’ a  que  son roi comme  seul garant  de l’unité nationale - et  ce  depuis 1830-  est  du moins riche de 40 %  de Belges heureux. 

- pas au sud, la misère serait  moins pénible  au soleil? en tout  cas:  Malte: 26% de gens très heureux, Chypre : 24 %; alors  que  pour le Danemark  le  chiffre  est de 49 % et  de 46 % pour l’Irlande .

- pas d’avantage  dans les îles : L’Irlande  affiche  certes 46% de  gens nageant  dans le  bonheur, mais le Royaume-uni plafonne à 39 % et Malte à 26 %. 

- faudrait-il chercher une  clef  de lecture  opposant l’Ouest  où le  soleil se  couche plus tard à l’Est, pays des matins  tôts ? Pas d’avantage, l’Irlande  affiche certes   ses 46 %, mais le Portugal, plus occidental encore : 17 % seulement à comparer au 38 % de la Suède  pourtant  assez à l’est.

A vrai dire il existe  bien une façon  de lire le tableau  figurant dans le rapport du  Centre  d’analyse  stratégique qui distingue nettement  tout un ensemble de pays , ensemble présentant de plus  un point  commun incontestable, ce  qui valide a posteriori notre analyse.

Voici  les  deux  groupes  de pays  avec  les  pourcentages afférents:

Groupe A.

   Danemark: 49 %; Pays -Bas: 43%;  Belgique: 40 %;  Royaume-Uni: 39 %; Luxembourg: 38 %; Suède : 38 %; Espagne : 23 %. 

Le pourcentage moyen  de gens très  heureux dans ces pays est de38, 57 %.

Groupe B.

   Irlande : 46%; France : 31%; Finlande : 28 % ; Malte : 26 %; Slovénie: 26 %; Allemagne : 24 %; Chypre : 24 %; Grèce : 21 %; Autriche : 20 % ; Pologne : 19 % ; Portugal : 17 %;  Hongrie: 17 %;  Italie: 16 %;  République Tchèque : 16 %; Lituanie: 13%; Estonie : 12 %; Lettonie: 12 %;  Slovaquie : 10 %.

    Le pourcentage moyen  de gens très  heureux dans ces pays,inférieur de près de moitié aux  résultats obtenus par les pays du groupe A, est de20, 11 %.

   

Le point  commun à tous les pays du groupe A est  d’être des Monarchies. Le bonheur sous la Couronne, voilà une idée neuve en Europe (Saint -Just) alors  que la France  - qui fait  déjà la course  en tête de la  consommation des anti-dépresseurs  - s’apprête à vivre  d’importants mouvements  sociaux.

                                                                                 Alain TEXIER.Universitaire


Vient de paraître

Nous signalons l'intéressante collection "balades en..." consacrée aux département ou aux régions des Editions Alexandrine, 31, rue du Coüédic, 75014 Paris, 01 45 44 21 4001 45 44 21 40, www.alexandrines.fr

Toujours de beaux et originaux textes. De bonnes lectures durant l'été.